Le Congo exploité

Un reportage Cash Investigation, diffusé sur France 2 et ayant pour sujet les dessous les plus choquants de l’industrie smartphone, a fait beaucoup de bruit, levant le voile sur une réalité qui, parfois soupçonnée, est désormais indéniable.

Il n’est plus possible d’ignorer ces informations, c’est pourquoi nous reprenons dossier faisant le point sur la réalité cachée de nos téléphones portables.

Après avoir présenté le décor, ce dossier se déclinera en cinq séquences

  1. de quoi sont fait nos Smartphones
  2. le travail des enfants
  3. la pollution
  4. le Congo exploité
  5. la façade

 

Aujourd'hui :

 

4 – Le Congo exploité

 

Plus l’on dissèque un smartphone, plus vient la sensation désagréable que chaque pièce le composant est la conclusion d’une histoire terrible, inconnue, et se répétant en permanence, dès qu’un marché représente des milliards.

Parmi ces histoires, celles du tantale et de l’étain, des composants essentiels en électronique mobile, le premier permettant de conserver l’énergie et donc de faire des condensateurs et le second servant aux soudures.

L’extraction des ressources congolaises est problématique en trois grands points ; les conditions de travail des mineurs, la présence d’enfants parmi eux, et ce que l’argent gagné par la production finance. Un des nœuds du problème se trouve encore dans la centralisation de la production en un point donné. C’est au Congo que se trouve 80 % du tantale produit, et le travail dans les mines se fait dans des conditions déplorables.

Dans ces dernières, la sécurité est quasi inexistante et les éboulements sont fréquents. Lorsque cela arrive, les victimes sont laissées sous les gravats et la mine bifurque simplement pour poursuivre le travail.

Au-delà de ces conditions déjà déplorables, il faut considérer la présence d’enfants parmi les mineurs. Ces derniers sont un avantage pour le système, de par le contrôle plus aisé que l’on peut avoir sur eux, comme nous l’avons vu dans le cas de l’usine LCE, mais aussi parce que les enfants n’ayant pas la même notion du danger et de leur vulnérabilité, ils prennent plus de risques que les adultes, optimisant la productivité des exploitants.

Tout ceci est d’autant pus problématique que ces richesses ne profitent pas aux locaux. La ville adjacente à ce lieu majeur d’extraction est une des zones les plus pauvres du monde. Par ailleurs, une grande partie des mines de tantale et d’étain sont aux mains de guerriers rebelles, finançant leur conflit avec l’argent produit sur le dos de ces esclaves modernes. Le phénomène est connu sous le nom des minerais de sang, celui des victimes du conflit sévissant au Congo, et celui des mineurs.

Ainsi, d’une manière très concrète, les smartphones que nous utilisons quotidiennement sont fabriqués sur le malheur d’autres êtres humains. Il ne s’agit pas de faire dans le sensationnalisme ou l’excès d’emphase. Il n’y a que la réalité ici, le marché doit changer, car les composants de nos appareils nourrissent le conflit armé ayant fait le plus de morts depuis la Seconde Guerre mondiale.

On aimerait penser que la chose reste anecdotique, mais comme précédemment, la proportion de tantale et d’étain venant du Congo est telle qu’il est peu probable que nos machines y échappent. Ici encore, il n’est pas évident de savoir qui exactement profite de ces minerais, mais les noms de RIM (BlackBerry), Nokia et Motorola sont connus, présents dans les clients d’AVX, un acheteur se fournissant auprès de MHI, une entreprise possédant une grande partie des mines.

Imaginer que ces entreprises sont les seules, dans un secteur actuellement aussi concurrentiel que celui des smartphones, serait une erreur. Il faut donc qu’un changement collectif ait lieu, qui ne pourra venir que de la loi, d’une part, et du réveil des consommateurs, d’autre part, qui peuvent, en nombre, imposer de nouvelles exigences à leurs marques fétiches. Encore faudra-t-il qu’ils soient prêts à acheter « idéologique ».

 

Sources :

https://www.dailymotion.com/video/x3jfu53

http://www.phonandroid.com/le-vrai-cout-de-fabrication-de-nos-smartphone...

 

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